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France

36ème Colloque des Musées protestants européens

Le 36ème Colloque des Musées protestants européens s'est déroulé à Genève du 25 au 29 avril 2024. Marianne Zwilling nous en offre un compte rendu.

Compte rendu

Eléments de contexte

L’idée, lancée dans les années 80 par le pasteur de l’ERF Yo Ludwig et l’historien Pierre Bolle, était de faire se rencontrer les responsables de musées protestants de toute l’Europe. Invitation ouverte à tous ceux qui avaient envie d’y répondre en raison de leur curiosité, et recherches personnelles. Le lieu des rencontres décidé d’une fois sur l’autre, pour cette année 2024 : le Musée International de la Réforme (MIR) à Genève pour fêter sa réouverture après deux ans de travaux, et une nouvelle présentation de ses trésors. Cinquante-sept participants s’y sont retrouvés, venant surtout de France, de Hongrie, de République Tchèque, d’Allemagne, d’Autriche et d’Italie. Grande richesse des échanges et découverte pédestre du cœur de ville de la « Genève protestante ». Chaque institution muséale propose sa documentation et souhaite parler de ses réalisations et projets. Partout en France, là où les Vaudois et les protestants ont planté des racines et marqué le passé (Provence, Vivarais, Poitou, Vendée, Alsace, Béarn, des grandes villes, Paris, Lyon, Toulouse, Strasbourg…) des passionnés, professionnels (conservateurs) ou bénévoles, consacrent beaucoup d’énergie à créer et faire vivre ces musées protestants, parfois soutenus par les municipalités, parfois et surtout par le mécénat.

Thème

Le thème de ce colloque : comment le protestantisme, malgré la houlette stricte de Jean Calvin qui haïssait particulièrement les reliques et autres traces de tout passé « glorieux » susceptibles de faire passer Dieu en second, a-t-il pu se résoudre à rassembler les vestiges du passé pour les faire connaître à un public européen aujourd’hui largement sécularisé ? Comme l’a exposé l’une des conférencières, Mme Sarah Scholl, avec humour, comment « mettre Calvin au musée ? », sinon en percevant avec une sage distance, l’homme et les miettes des siècles passés comme un support à notre propre réflexion ?

Musée International de la Réforme (MIR)

Musée International de la Réforme (MIR)

Cette réouverture du MIR, dont la réhabilitation des salles, repeintes de couleurs étudiées (violet, vert, rouge, orange), la nouvelle présentation des collections d’objets, tableaux et portraits, gravures de scènes bibliques (Rembrandt), autographes de grands noms, éditions du XVIème siècle avec le « boom » de l’imprimerie à laquelle la Réforme doit une bonne part de son succès, a convaincu les visiteurs. Un temps de dialogue, pour questionner les deux architectes (A. Batifoulier et S. de Tovar) responsables de la « mise en scène » du musée. Belle réussite où se répartissent harmonieusement temps du regard et temps de lecture des notices (en trois langues).

Des « pierres angulaires »

On ne réunit pas de colloque sur la Réforme sans faire un peu d’histoire ! Un film sur « Zwingli », une conférence sur un homme injustement oublié en France, Théodore de Bèze. Sans lui, fidèlement présent aux côtés de Calvin, le protestantisme de la fin du XVIème s. et début XVIIème siècle n’aurait sans doute pas survécu en France. Mme B. Nicollier, éditrice scientifique de son abondante correspondance, nous l’a rendu présent et attachant. Il est important de mesurer l’ignorance généralisée des membres de nos paroisses (et aussi de nous-mêmes !) sur les « pierres angulaires » solides qui ont construit un protestantisme auquel nous tenons pourtant tous fermement. L’histoire est la terre ferme de nos mémoires.

Clôture

Le culte du dimanche matin se déroulait à la « cathédrale », d’où Calvin a chassé l’évêque lors du choix de la ville de Genève d’appliquer la Réforme (21 mai 1536). Immense et beau bâtiment gothique dépourvu de tout ornement (juste la chaise de Calvin...).

La journée finale permit de découvrir quelques lieux emblématiques : le château de Coppet, où vécut Mme de Staël (fille de Necker), le château du Crest, acheté en ruine et rebâti par Agrippa d’Aubigné (1552-1630), soldat, écrivain et poète. Il eut été dommage de quitter Genève sans avoir vu ou aperçu le « quartier international » de cette ville, où sont édifiés, en pleine verdure, les bureaux des grands organismes mondiaux : Nations unies, B.I.T, O.M.S… Les participants ont été chaleureusement accueillis dans les locaux du COE (Conseil œcuménique des Eglises). Depuis 1948, près de 350 églises chrétiennes tentent, dans l’Espérance, de trouver en ce bel endroit des raisons de discuter et de partager, plutôt que de « s’entretuer » !