1 place du Temple
26 400 CREST
France

La fresque de Beaufort

Pendant la seconde guerre mondiale, le temple de Beaufort est sérieusement endommagé. Sa réparation amènera avec elle une belle surprise de nos amis suisses : une monumentale et originale fresque sur le mur du fond du temple.

L’inauguration de la fresque du temple de Beaufort-sur-Gervanne

Nous reproduisons ci-après un article du pasteur A. Bonjour paru en 1952.

A propos de l’inauguration

La paroisse de Beaufort a certainement le privilège de posséder maintenant un des plus beaux sanctuaires de France.

Très endommagé par un bombardement, lors de l’expédition punitive contre le Vercors en juin 1944, le Temple fut restauré par les services de la Reconstruction ; la paroisse a profité de ces travaux pour en transformer l’intérieur et apporter ainsi à l’édifice l’importantes et très heureuses améliorations. Il fut inauguré officiellement le 23 septembre 1951.

Fresque du temple de Beaufort

La fresque qui couvrait alors le mur du fond du Temple n’était qu’une ébauche, elle est maintenant terminée, elle enrichit beaucoup notre lieu de culte. Elle est l’œuvre de trois jeunes peintres suisses, Jean-François Favre, Luc Monnier et Francis Roulin, qui naquit à Beaufort, lorsque son père y était pasteur, ce qui explique leur désir de participer à la renaissance de notre village. En 1951, ils y avaient travaillé deux mois. Le travail de préparation fut poursuivi pendant tout l’hiver dernier en atelier, à Neuchâtel. Ils sont revenus en juin et pendant presque quatre mois, ils ont ensemble, dans une véritable communion, d’abord entre eux, puis avec la paroisse, mis au point leur projet et l’ont fixé au mur. Il y a là, probablement, une expérience unique de collaboration artistique.

La fresque, qui couvre 36 m2, de couleurs très douces, auquel répond le brun foncé des bancs, s’harmonise parfaitement avec l’ensemble du Temple. A gauche elle représente une scène de l’Ancien Testament : Ce sont les Israélites qui ramassent la manne dans le désert. A droite, c’est une scène du Nouveau Testament : Ce sont les disciples qui, dans la chambre haute, reçoivent le St-Esprit le jour de la Pentecôte. Au centre, au-dessus de la porte, le Christ assis, qui, les deux mains étendues, est bien celui qui donne les biens spirituels comme les biens matériels.

Le 28 septembre dernier, toute la paroisse, entourée de nombreux amis des Eglises voisines, inaugurait cette belle fresque, qui veut être une constante prédication. Le Temple était plein, quand M. le Pasteur Roger Chapal monta en chaire pour présider le culte. Dans sa prédication, en prenant le texte de Jean 4/10 « Si tu connaissais le don de Dieu », il fait comprendre à chacun avec simplicité mais avec force, ce que signifie et ce que dit la fresque à l’Eglise de Beaufort.

Après le culte, un des artistes expliqua brièvement la fresque et la signification des lignes : verticales pour la Pentecôte, elles expriment une attente et une forte aspiration ; horizontales pour la manne, la scène est plus douce, donc contemplative. Il remercia les Beaufortois qui, par leur accueil et leur affection, avaient su les aider et leur avaient permis de mener à bien leur œuvre.

Puis M. Chapal fit une causerie autant intéressante qu’utile sur l’Art et sa place dans l’Eglise.

« Le Quatuor Romand » qui avait déjà enrichi le culte par ses chants, se fit alors entendre avec une très grande maîtrise dans un beau concert de musique religieuse (Praetorius, Goudimel, Bach et Shuman).

Enfin, au nom de toute la paroisse, le pasteur de Beaufort remercia, d’abord les peintres pour ce qu’ils ont donné et laissent à l’église, puis les amis de Suisse qui ont permis, par leurs dons, la réalisation de cette œuvre, le quatuor et tous ceux qui, par leur participation ou leur présence, avaient permis une si belle cérémonie et fait de cet après-midi, un tout à la gloire de Dieu, qui aime ce qui est beau.

Alors chacun se dirigea vers l’exposition des travaux préparatoires, installée par les peintres, où projets, dessins, croquis et maquettes, permettaient de comprendre les difficultés rencontrées par les artistes et le sérieux, l’honnêteté avec lesquels le travail avait été préparé et accompli. Chacun fit aussi honneur à un buffet bien garni, dont le bénéfice a permis de rembourser une partie de la somme empruntée pour permettre la restauration du Temple.

Puis, dans un beau soir de septembre, ce fut la dispersion, mais tous emportaient une bonne provision de joie et de lumière.

A. Bonjour

N. B. – La paroisse de Beaufort n’a pas eu peur d’engager l’avenir, quand elle décida de transformer son Temple, mais la dette, encore 250.000 fr. sur 1.000.000, est lourde pour la centaine de familles qu’elle groupe. Qui voudrait aider à nous en acquitter ? Nous leur disons, à l’avance, notre grande et profonde reconnaissance.

Pasteur Bonjour

(pasteur A. Bonjour, Le christianisme au XXe siècle, jeudi 13 novembre 1952, p. 405-406)